CAN-ASC-1.1 Norme sur l’emploi : ébauche pour examen public - Annexe D (à titre informatif) : Perspective d’accessibilité intersectionnelle

Note : Cette annexe ne constitue pas une partie obligatoire de cette norme.

D.1 Intersectionnalité

Le concept d’intersectionnalité a été inventé par la juriste américaine Kimberlé Crenshaw à la fin des années 1980 pour expliquer comment la race se recoupe avec le genre pour créer des obstacles uniques pour les femmes noires, auxquels les femmes blanches ou les hommes noirs ne sont pas confrontés.

D.2 Définition des composantes essentielles d’une perspective d’accessibilité intersectionnelle

La perspective d’accessibilité intersectionnelle est le cadre analytique qui part des expériences des personnes ayant un ou des handicaps, et qui s’articule autour de ces expériences. Ce cadre analytique est utilisé pour examiner les manières complexes et cumulatives dont les multiples formes de discrimination et d’oppression se chevauchent, interagissent ou se recoupent.

Les éléments suivants sont les composantes essentielles d’une perspective d’accessibilité intersectionnelle :

  1. Les différents motifs de discrimination susceptibles d’être inclus dans une analyse intersectionnelle peuvent notamment inclure les suivants :
    1. le capacitisme;
    2. le racisme;
    3. le sexisme;
    4. l’homophobie;
    5. la transphobie;
    6. le classisme;
    7. l’âgisme, etc.
  2. Les effets cumulés de ces différents types de discrimination produisent une forme unique et distincte de discrimination et d’oppression qui, autrement, pourrait être invisible, et qui est différente de chaque motif de discrimination distinct.
  3. L’intersectionnalité n’est pas seulement une question d’identité. Elle tient également compte du contexte historique, social et politique qui sous-tend les inégalités systémiques et les institutions, et des relations de pouvoir qui façonnent et affectent les expériences des personnes et des communautés. Ainsi, elle a pour conséquence d’exclure certaines personnes et d’en privilégier d’autres.

Par exemple :

  1. Une femme racisée et en situation de handicap vivra l’oppression différemment d’un homme non racisé et en situation de handicap. Outre le capacitisme, une femme en situation de handicap racisée est également victime de racisme et de sexisme, tandis qu’un homme en situation de handicap non racisé peut être victime de capacitisme tout en bénéficiant du privilège accordé aux hommes blancs.
  2. Une femme transgenre et aveugle souffrant d’un trouble de l’apprentissage subira l’oppression différemment d’une femme autochtone qui est à mobilité réduite. Une femme transgenre aveugle ayant un trouble d’apprentissage sera confrontée à de multiples formes de capacitisme et de transphobie, tandis qu’une femme autochtone à mobilité réduite sera victime de capacitisme et de racisme.

D.3 Avantages d’une perspective intersectionnelle de l’accessibilité

Sur les plans individuel et organisationnel, l’organisation peut :

  1. se sensibiliser aux questions d’accessibilité et mieux comprendre les inégalités sur le lieu de travail pour les personnes en situation de handicap aux identités multiples, qu’il s’agisse de l’accès au lieu de travail ou du lieu de travail lui-même;
  2. créer un environnement de travail inclusif, positif et respectueux;
  3. déterminer comment les initiatives pourraient être adaptées en vue d’inclure les personnes en situation de handicap;
  4. intégrer les différents points de vue des personnes en situation de handicap pour renforcer la capacité des équipes de travail;
  5. recruter et maintenir en poste des travailleurs représentatifs des communautés;
  6. élaborer des services et des programmes adaptés à tous les clients et à toutes les communautés, et offrir des résultats améliorés à partir de ces services et programmes;
  7. déterminer et traiter les obstacles systémiques et les inégalités qui nuisent à l’accès à l’initiative et qui empêchent d’en bénéficier.

Adapté de :  Ville d’Ottawa et Initiative : une ville pour toutes les femmes, « Guide de l’Optique d’équité et d’inclusion ». Version 2018. Élaboré à partir de la page 6.

Adapté de : Introduction à l'ACS+ - Femmes et Égalité des genres Canada.

D.4 Questions

Questions à poser dès le départ :

  1. En général, comment chaque élément ou étape (élaboration, mise en œuvre, surveillance et évaluation) d’une initiative, d’une politique, d’un programme, d’une procédure, d’un processus ou d’un service affecte-t-il les personnes en situation de handicap? Du point de vue d’un gestionnaire? Du point de vue d’un travailleur?
  2. Ensuite, comment cela affecte-t-il les divers handicaps et les diverses identités, notamment pour :
    1. les personnes qui ont des handicaps multiples?
    2. les femmes en situation de handicap?
    3. les Autochtones en situation de handicap? (Premières Nations, Inuits, Métis)
    4. les personnes racisées qui sont en situation de handicap? (Noirs, Sud-Asiatiques, Chinois, etc.)
    5. les personnes LGBTQ2+ qui sont en situation de handicap?
    6. les musulmans et membres d’autres minorités religieuses qui sont en situation de handicap?
    7. etc.
  3. Adopter une approche axée sur la personne qui permette une participation pleine et équitable de tous les travailleurs en examinant les réponses aux questions suivantes :
    1. Les différents handicaps et les différentes identités sont-ils représentés, et les personnes qui les représentent participent-elles à tous les processus, de la planification à la mise en œuvre, y compris dans le processus de prise de décision?
    2. Qu’est-ce qui pourrait contribuer à cette exclusion?
    3. Quelles sont les personnes qu’il est important de faire participer au processus de manière significative?
  4. En posant ces questions, mes expériences, mes hypothèses et mes préjugés limitent-ils ma compréhension de l’incidence sur les personnes en situation de handicap en général, et plus particulièrement sur les personnes qui ont des handicaps multiples et dont les identités sont diverses?